Dix ans après l’assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana, justice n’a toujours pas été rendue, dénoncent l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (FIDH-OMCT), la Ligue des électeurs (LE), le Groupe Lotus (GL), l’ASADHO et la Voix des sans voix pour les droits de l’Homme (VSV), qui appellent à la mobilisation internationale pour que les assassins présumés soient jugés et sanctionnés.
Alors que depuis dix ans, seule une parodie de justice a été rendue dans le procès des assassins présumés du défenseur des droits humains Floribert Chebeya, directeur exécutif de la VSV et membre de l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), et de la disparition de son chauffeur Fidèle Bazana, également membre de la VSV, les espoirs se tournent désormais vers le président de la République récemment élu, Félix Tshisekedi. La société civile congolaise et les familles des victimes attendent la destitution et des poursuites judiciaires à l’encontre du général John Numbi Banza Tambo.
Ce dernier, considéré comme le commanditaire de ces actes, était, à l’époque des faits, inspecteur général de la police et est aujourd’hui inspecteur général de l’armée congolaise et sous sanctions de l’Union européenne depuis 2016 pour son rôle présumé dans des atteintes à la démocratie et au processus électoral en RDC.
« Bien que la RDC ait un nouveau président, l’appareil judiciaire congolais semble rester inchangé. Nous attendons qu’un procès équitable se tienne enfin. La justice doit être rendue pour Floribert et Fidèle »
Alice Mogwe, Présidente de la FIDH
Floribert Chebeya et Fidèle Bazana ont disparu le 1er juin 2010 alors qu’ils se rendaient à un rendez-vous avec M. John Numbi Banza Tambo. Le corps de Floribert Chebeya a été retrouvé sans vie par la police le lendemain, alors que celui de Fidèle Bazana n’a jamais été retrouvé.
« Lorsque j’ai vu Floribert pour la dernière fois, peu de temps avant sa mort, je lui ai demandé de ne pas retourner en RDC en raison des menaces qui pesaient à son encontre. Mais il m’a répondu qu’il ne pouvait pas continuellement fuir et qu’il devait rentrer. Je ne l’ai jamais revu », a déclaré Aminata Dieye, membre du Conseil exécutif de l’OMCT.
« Floribert était un vrai militant, un homme calme au grand cœur. Dix ans après leur mort, nous n’oublions pas Floribert et Fidèle et rendons hommage à leur combat contre la torture et l’impunité en RDC. Il est urgent qu’un terme soit mis à l’intolérable impunité qui perdure et que toute la lumière soit enfin faite sur leur double assassinat », a-t-elle conclu.
Le 23 juin 2011, la Cour militaire de Kinshasa-Gombe a condamné quatre des huit policiers prévenus dans l’affaire à la peine capitale, un cinquième à la prison à perpétuité, et acquitté les trois autres. Le 17 septembre 2015, la justice congolaise a acquitté en appel quatre de ces policiers et allégé la condamnation du cinquième, faisant un véritable affront aux familles des victimes. En parallèle, une plainte avec constitution de partie civile a été déposée, le 2 juin 2014, devant la justice sénégalaise sur la base de la loi sénégalaise dite de compétence extraterritoriale. Cette plainte visait l’un des responsables présumés du double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, qui avait trouvé refuge au Sénégal. Le 26 août 2014, la justice sénégalaise a ouvert une information judiciaire sur ce double assassinat, alors que l’affaire était bloquée en RDC. À ce jour, aucune décision n’a cependant été rendue par la justice du Sénégal.
L’Observatoire, partenariat de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. L’OMCT et la FIDH sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.