Urgent Appeal

Burundi : Acquittement pour trois membres de PARCEM

04-01-2019

L’Observatoire a été informé de sources fiables de l’acquittement de MM. Aimé Constant Gatore, Marius Nizigama et Emmanuel Nshimirimana, points focaux de l’organisation Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Évolution des Mentalités (PARCEM) [1] dans la Province de Muramvya, située à une trentaine de kilomètres de la capitale Bujumbura.

Selon les informations reçues, le 17 décembre 2018, la Cour d’appel de Bujumbura a acquitté MM. Aimé Constant Gatore, Marius Nizigama et Emmanuel Nshimirimana. Condamnés le 8 mars 2018 à 10 ans de prison en première instance pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État », les trois points focaux de PARCEM ont passé près de 18 mois en détention arbitraire pour avoir voulu organiser un atelier sur les violations des droits humains (voir rappel des faits).

L’Observatoire se réjouit de l’acquittement de MM. Aimé Constant Gatore, Marius Nizigama et Emmanuel Nshimirimana et remercie toutes les personnes, organisations et institutions qui sont intervenues en leur faveur. L’Observatoire rappelle toutefois que leur arrestation n’aurait jamais du se produire en ce qu’elle ne visait qu’à les sanctionner pour leurs légitimes actions de défense des droits humains, et qu’à la date de publication de cet appel, ils n’ont pas encore été libérés.

L’Observatoire rappelle le contexte de répression généralisée des défenseurs des droits humains au Burundi, qui s’exerce notamment par le biais de détentions arbitraires et de harcèlement judiciaire visant d’anciens employés d’organisations de défense des droits humains burundaises radiées par le gouvernement, tels que Germain Rukuki [2].

L’Observatoire appelle les autorités burundaises à libérer immédiatement MM. Aimé Constant Gatore, Marius Nizigama et Emmanuel Nshimirimana et à cesser tout acte de harcèlement, y compris au niveau judiciaire, à l’égard des défenseurs des droits humains dans le pays.

Rappel des faits :

Le 13 juin 2017, MM. Aimé Constant Gatore et Marius Nizigama ont été arrêtés par le Service National de Renseignement (SNR) burundais à Mbuye alors qu’ils organisaient un atelier de remise de rapports sur la situation carcérale dans la province de Muramvya, réunissant les responsables administratifs, judiciaires et policiers de la province de Muramvya ainsi que des membres de formations politiques.

Le 17 juin 2017, alors que M. Emmanuel Nshimirimana se rendait au commissariat de Muramvya pour visiter ses deux collègues qui devaient être libérés, celui-ci a été arrêté par des agents du SNR et transféré, avec MM. Aimé Constant Gatore et Marius Nizigama, au cachot central du SNR à Bujumbura.

Le 27 juin 2017, les trois défenseurs des droits humains ont été transférés à la prison centrale de Mpimba à Bujumbura, avant d’être à nouveau transférés le 4 septembre 2017 à la prison de Muramvya.

Le 8 mars 2018, le Tribunal de Muramvya a condamné in absentia MM. Aimé Constant Gatore, Marius Nizigama et Emmanuel Nshimirimana à 10 ans de prison et 200 000 Francs burundais d’amende (environ 90 euros), chacun pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État ». Le ministère public avait requis des peines allant de 20 à 25 ans d’emprisonnement. L’audience, initialement prévue le 12 mars 2018, a été avancée au 8 mars sans explication ni notification préalable de la défense. Les défenseurs des droits humains ont fait appel de la décision.

Le 31 mars 2018, après avoir fait appel de la décision, les détenus ont été transférés à la prison centrale de Mpimba à Bujumbura. Leurs conditions de détention sont difficiles : loin de leurs familles, ils ne reçoivent pas suffisamment de vivres et soins médicaux.

How You Can Help

 

L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités burundaises en leur demandant de :

i. Libérer immédiatement et sans conditions MM. Aimé Constant Gatore, Marius Nizigama et Emmanuel Nshimirimana et mettre un terme à tout acte de harcèlement, y compris judiciaire, à leur encontre ainsi que de l’ensemble des défenseurs des droits humains ;

ii. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement à ses articles 1, 5 (b) et 12.2 ;

iii. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Burundi.

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