Press Release

Tunisie : Sihem Ben Sedrine entre en grève de la faim

17-01-2025

Plusieurs organisations de défense des droits humains, dont la FIDH et l'OMCT dans le cadre de l’Observatoire, dénoncent l’injustice subie par Sihem Ben Sedrine, présidente de l’Instance Vérité et Dignité, détenue arbitrairement depuis 160 jours. En réaction au harcèlement judiciaire dont elle est victime, elle a entamé une grève de la faim le 14 janvier, date hautement symbolique marquant le 14ᵉ anniversaire de la Révolution pour la liberté et la dignité en Tunisie.

Face à l'injustice infligée à Sihem Ben Sedrine, Présidente de l'Instance Vérité et Dignité, victime de harcèlement judiciaire fondé sur des accusations fabriquées dans le but de se venger des figures clés du processus de justice transitionnelle en Tunisie et de réduire au silence les femmes activistes, cette dernière a annoncé le 14 janvier son entrée en grève de la faim, coïncidant avec le 14ème anniversaire de la Révolution pour la liberté et la dignité. Par cet acte, elle dénonce non seulement l'injustice qu'elle subit, mais aussi l'échec des autorités politiques actuelles à instaurer une justice équitable et indépendante. Elle pointe également leur complicité dans la gestion des dossiers des militant·es des droits humains et des victimes, marquée par une politique flagrante d'impunité pour les auteurs des crimes commis sous le régime autoritaire.

Cela fait maintenant plus de 160 jours que Sihem Ben Sedrine est détenue à la prison de Manouba, tandis que le pouvoir judiciaire persiste à fermer les yeux sur la poursuite des responsables de graves violations, notamment les assassinats, la torture et les disparitions forcées. Pire encore, le système judiciaire s'inscrit dans une logique de vengeance et de représailles ciblant la présidente de l'Instance Vérité et Dignité.

Cette incarcération représente non seulement une atteinte flagrante à sa liberté et à ses droits fondamentaux, mais aussi un acte d'intimidation à l'égard de l'ensemble des militant·es des droits humains et défenseur·es de la justice transitionnelle. Elle s'inscrit dans une tentative manifeste de faire taire les vérités exposées par l'Instance dans son rapport final sur les violations graves et systématiques, tout en consolidant l'impunité des responsables de ces crimes.

Par conséquent, les organisations et associations signataires déclarent ce qui suit :

  • Leur exigence de la libération immédiate de l'activiste des droits humains Sihem Ben Sedrine et l'arrêt de cette mascarade judiciaire.
  • Leur soutien total et inconditionnel à Sihem Ben Sedrine dans sa grève de la faim, entreprise pour dénoncer l'injustice dont elle est victime, tout en tenant les autorités responsables de sa santé et de son intégrité physique.
  • Leur affirmation que l'emprisonnement de Sihem Ben Sedrine constitue une attaque directe contre le processus de justice transitionnelle, perpétuant la politique d'impunité. Pendant ce temps, les autorités actuelles continuent d'ignorer plus de 205 affaires transmises par l'Instance au système judiciaire, impliquant 1 500 individus, dont 1 200 agents affiliés au ministère de l'Intérieur, soupçonnés de graves crimes.
  • Un rappel aux autorités que l'absence de mise en œuvre des recommandations de l'Instance Vérité et Dignité fragilise davantage les garanties de non-répétition et alimente les conditions de récurrence des violations. Nous exigeons donc que les responsables soient poursuivis et qu'un engagement sincère envers le processus de justice transitionnelle soit réaffirmé.
  • Un rappel que la détention et les poursuites engagées contre Sihem Ben Sedrine sont dénuées de tout fondement factuel ou juridique, ne relevant que d'une logique de représailles. Ces poursuites reposent essentiellement sur des déclarations contradictoires émanant d'un ancien membre discrédité de l'Instance Vérité et Dignité, qui avait déjà été renvoyé devant le conseil de discipline.

Signatories

  1. Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux
  2. Ligue tunisienne de la défense des droits de l’homme (LTDH)
  3. Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD)
  4. Avocats sans frontières (ASF)
  5. Aswat Nissa (Voix des femmes)
  6. Association Damj pour la justice et l’égalité
  7. Euromed Droits
  8. Instance nationale pour la défense des libertés et de la démocratie
  9. Association tunisienne de défense des libertés individuelles (ADLI)
  10. Association Al Bawsala
  11. Association Beity
  12. Amnesty International – Section Tunisie
  13. Intersection pour les droits et les libertés
  14. No Peace Without Justice
  15. Association Al Karama pour les droits et les libertés
  16. Réseau tunisien pour la justice transitionnelle
  17. Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT)
  18. Union des Tunisiens pour la citoyenneté des deux rives (UTCR)
  19. Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains.
  20. Organisation mondiale contre la torture (OMCT), également dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains.
  21. Association Naschaz
Scroll to Top