Paris-Genève – La journaliste Samira Sabou, poursuivie pour diffamation par le fils du président du Niger, a été relaxée et libérée aujourd’hui par le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey qui a jugé que l’infraction n’était pas constituée. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (FIDH-OMCT) salue ce verdict et appelle à la libération de tous les autres défenseurs des droits humains arbitrairement emprisonnés au Niger.
Après 48 jours de détention préventive à la prison civile de Niamey, Samira Sabou recouvre enfin sa liberté. Arrêtée le 11 juin 2020, elle était poursuivie pour diffamation au titre de l’article 29 de la loi sur la cybercriminalité du 25 juin 2019 suite à une plainte déposée contre elle par Sani « Abba » Mahamadou Issoufou, le fils et directeur adjoint du cabinet du président de la République du Niger. A l’issue de son procès qui s’était ouvert le 14 juillet 2020, estimant que l’infraction n’était pas constituée, le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey a donc prononcé sa relaxe et ordonné sa libération.
« Cette libération est un premier signal positif envoyé par le pouvoir judiciaire au Niger » a réagi Alice Mogwe, présidente de la FIDH. « Toutefois, il ne faut pas oublier que d’autres défenseurs des droits humains sont toujours emprisonnés dans le pays en raison de leurs activités pacifiques. Je pense notamment à Maikoul Zodi, Halidou Mounkaila et Moussa Moudy détenus pour leur prise de position contre la corruption. Eux aussi doivent être libérés ! ».
La plainte qui visait la journaliste avait été déposée par M. Issoufou suite à un commentaire posté par une personne tierce sous une publication Facebook de Samira Sabou en date du 26 mai 2020, dans laquelle elle faisait référence à un audit du Ministère de la Défense faisant état d’une surfacturation et de détournements de fonds lors de l’achat de matériel militaire.
« Nous nous félicitons de la libération de Samira Sabou, mais il convient de rappeler qu’elle n’aurait jamais dû être détenue en premier lieu. Les détentions arbitraires et la criminalisation visant à museler les journalistes et défenseurs des droits humains au Niger doivent immédiatement cesser » a conclu Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT.
L’Observatoire, partenariat de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. L’OMCT et la FIDH sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.
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