Urgent Appeal

Cameroun : libération de Michel Biem Tong

07-12-2018

L’Observatoire a été informé de sources fiables de la libération de M. Michel Biem Tong, journaliste et défenseur des droits humains. M. Biem Tong est le directeur du media en ligne HURINEWS, site d’information camerounais se concentrant sur les droits humains. Il est également membre du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC) et membre du Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) [1]. Depuis 2016, il a beaucoup travaillé sur la crise socio-politique et les violations des droits humains dans les régions anglophones du Cameroun.

Selon les informations reçues, le 13 décembre 2018, M. Michel Biem Tong a bénéficié du décret présidentiel portant libération de 289 personnes impliquées dans la crise socio-politique des régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest. Par la suite, le 14 décembre 2018, le Tribunal militaire de Yaoundé a abandonné toutes les charges retenues contre M. Michel Biem Tong, qui a été immédiatement libéré.

M. Michel Biem Tong avait été arrêté le 23 octobre 2018 et accusé d’ « apologie d’actes de terrorisme par techniques informatiques », « crimes incitant à l’insurrection et attentant à la sûreté et sécurité de l’État », et « usurpation du titre de journaliste ». M. Biem Tong risquait la peine de mort, sur la base de l’Article 2 de la loi n° 2014/028 du 23 décembre 2014 portant « répression des actes de terrorisme » (voir rappel des faits ci-dessous).

L’Observatoire se réjouit de la libération de Michel Biem Tong et remercie toutes les personnes, organisations et institutions qui sont intervenues en sa faveur.

Toutefois, l’Observatoire rappelle que Michel Biem Tong n’aurait jamais dû être détenu et rappelle que d’autres journalistes camerounais sont actuellement encore harcelés par la justice en raison de l’exercice légitime de leur profession, à l’instar de M. Joseph Olinga Ndoa [2], M. Gustave Flaubert Kengne [3], et M. Michel Kalabassou [4]. Mme Mimi Mefo Takambu [5] a, quant à elle, vu les charges pesant contre elle levées le 12 novembre 2018 après avoir été accusée de « propagation de fausses nouvelles et cybercriminalité » et d’« atteinte à la sécurité de l’État » pour avoir relayé une information de l’agence Catholic News Agency (CNA) sur la mort du missionnaire américain Charles Truman Wesco à Bamenda au cours d’un échange de tirs entre l’armée régulière et les groupes rebelles. L’Observatoire s’inquiète de cette dégradation de la liberté d’expression au Cameroun.

Rappel des faits :

Le 23 octobre 2018, M. Michel Bien Tong a été convoqué par le Colonel Joël Émile Bamkoui « pour une discussion » dans les locaux du Secrétariat d’État à la Défense (SED) à Yaoundé. Il n’en est jamais ressorti, et toutes visites lui sont depuis interdites, y compris celles de sa famille ou de ses avocats.

Le 29 octobre 2018, M. Biem Tong a été traduit devant le Tribunal militaire de Yaoundé, et le Procureur a demandé que sa détention soit prolongée de 48 heures, le temps de l’enquête.

Le 31 octobre, il a été à nouveau traduit devant ce Tribunal militaire mais ses avocats n’ont pas été autorisés à consulter le dossier des prétendues « preuves à charge » rassemblées par le Procureur. L’audience a été ajournée et M. Biem Tong a été renvoyé en détention au SED.

Le 7 novembre 2018, M. Biem Tong a été à nouveau cité à comparaître pour la lecture des conclusions de l’enquête ouverte contre lui par le Colonel Joël Émile Bamkoui.

Le 15 novembre 2018, la substitut du Commissaire du Gouvernement près le Tribunal militaire de Yaoundé a requis que M. Michel Biem Tong soit « placé sous mandat de dépôt à la prison de Kondengui », retenant contre lui les trois chefs d’accusation d’« apologie du terrorisme », de « déclarations mensongères » et d’« outrage au chef de l’État » pour « avoir réalisé trois voice mails en direction des sécessionnistes ».

Le 5 décembre 2018, le procès devant le Tribunal militaire de Yaoundé concernant les accusations à l’encontre de M. Michel Biem Tong a été reporté au 2 janvier 2019 sur demande du commissaire du gouvernement.

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