L’Observatoire a été informé de sources fiables de l’arrestation arbitraire de M. Saikou Yaya Diallo, directeur du Centre guinéen pour la promotion et la protection des droits humains (CPDH) et membre de la Coordination nationale du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) [1]. M. Saikou Yaya Diallo est notamment chargé du suivi des arrestations et des dossiers en justice des membres du FNDC.
Selon les informations reçues, le 7 mai 2020 aux alentours de 11 heures, des agents de la Direction de la surveillance du territoire (DST) en civil et cagoulés ont arrêté, sans mandat d’arrêt ni convocation, M. Saikou Yaya Diallo au niveau de Hamdallaye, dans la commune de Ratoma à Conakry, et l’ont emmené de force dans un véhicule vers une destination inconnue. Il aurait été transféré à l’immeuble « 15 étages », siège des services de renseignements à Conakry.
Le lendemain, M. Saikou Yaya Diallo a été transféré au centre de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Il n’a eu accès à son avocat que le 11 mai 2020.
Lorsque son épouse est venue lui rendre visite les 7 et 8 mai pour lui apporter à manger à la DCPJ, les agents de sécurité ne lui ont pas permis d’entrer en contact avec son mari, mais celui-ci a eu accès à la nourriture déposée pour lui. M. Saikou Yaya Diallo est diabétique, et nécessite un régime alimentaire spécial. Le lendemain, à la DST, où il a ensuite été transféré, il s’est vu refuser l’accès à la nourriture et aux médicaments déposés par son épouse.
Le 12 mai 2020, le procureur du Tribunal de première instance de Dixinn, à Conakry, a ouvert une information judiciaire contre M. Saikou Yaya Diallo et l’a inculpé des charges de « violences », « menaces », « voie de fait » et « injures publiques » (article 240 et suivants du Code pénal), au cours d’une audience où M. Saikou Yaya Diallo a eu accès à son avocat. Les accusations pesant à son encontre ont trait à son implication dans l’affaire ayant mené à la découverte d’une agent de police de la DST venue assister, sous couverture, à une réunion suivie d’une conférence de presse du FNDC, qui s’est tenue le 25 mars 2020 au siège du parti PADES. A la suite de l’audience, M. Saikou Yaya Diallo a été placé sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry.
L’Observatoire rappelle que de nombreux membres du FNDC font, depuis avril 2019, l’objet de menaces, d’arrestations arbitraires et de harcèlement judiciaire en raison de leur protestation pacifique contre la réforme constitutionnelle adoptée lors des élections législatives et référendaires de mars 2020, qui permettrait au Président Alpha Condé de se présenter pour un troisième mandat présidentiel consécutif en 2020. Parmi eux, MM. Abdourahamane Sanoh, Mamadou Baïlo Barry, Alpha Soumah, Abdoulaye Oumou Sow, Mamadou Bobo Bah [2], Ibrahima Diallo, et Sékou Koudouno, tous deux sous contrôle judiciaire depuis le 13 mars 2020 [3], ainsi que M. Oumar Sylla, arbitrairement détenu depuis le 17 avril 2020 [4].
L’Observatoire dénonce l’arrestation et la détention arbitraire de M. Saikou Yaya Diallo, qui ne semblent viser qu’à sanctionner ses activités légitimes de défense des droits humains ainsi que l’exercice de sa liberté d’expression. L’Observatoire appelle les autorités guinéennes à procéder à sa libération immédiate et inconditionnelle, et à mettre un terme à tout acte de harcèlement, y compris au niveau judiciaire, à son encontre ainsi qu’à celle de l’ensemble des défenseurs des droits humains dans le pays.
How You Can Help
L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités guinéennes en leur demandant de :
i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et le bien-être psychologique de M. Saikou Yaya Diallo, ainsi qu’un accès aux soins et au régime spécial dont il a besoin ;
ii. Procéder à la libération immédiate et inconditionnelle M. Saikou Yaya Diallo et de l’ensemble des défenseurs des droits humains arbitrairement détenus en République de Guinée ;
iii. Mettre un terme à toute forme de harcèlement, y compris au niveau judiciaire, à l’encontre de M. Saikou Yaya Diallo et de l’ensemble des défenseurs des droits humains en République de Guinée ;
iv. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement aux articles 1 et 12.2 ;
v. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la République de Guinée.
Addresses
• M. Alpha Condé, Président de la République de Guinée, Boulbinet avenue de la République – Conakry, Twitter : @President_GN @Sekhoutoureya
• M. Ibrahima Kassory Fofana, Premier Ministre, chef du Gouvernement, Palais des Colombes, Kaloum – Conakry, Twitter : @IbrahimaKFofana @PrimatureGN
• M. Mamadou Lamine Fofana, Ministre de la Justice par intérim, Garde des sceaux, Rue KA 003 – Almamya Commune de Kaloum, BP : 564 Conakry – Guinée, Email : contact@justice.gov.gn
• M. Mouctar Diallo, Ministre de la Jeunesse et de l’emploi jeune, BP 262 Conakry, Mail : info@jeunesse.gouv.gn
• M. N’Famara Camara, Secrétaire général du Ministère de l’Unité nationale et de la citoyenneté, Email : jpfamara@gmail.comM. Ousmane Sylla, Ambassadeur de la République de Guinée à Bruxelles, Boulevard Auguste Reyers 108 Schaerbeek, 1030 Bruxelles, Email : ambaguibruxelles@mae.gov.gn / ambaguinee.bruxelles@yahoo.fr, Fax : (+32) 2.762.60.36
• Ambassade de la République de Guinée à Genève, Représentation permanente auprès des Nations unies, Rue du Valais 7-9, 1202 Genève, Suisse, Mail : consulat.guineegeneve@gmail.com / mission.guinea@ties.itu.int
Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques de la République de Guinée dans vos pays respectifs.